Diagnostics carbone, synthèse des résultats
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Diagnostics carbone, synthèse des résultats

15 décembre 2022

Après avoir contribué à la rédaction de la méthode Grandes Cultures du Label bas-Carbone (LBC), l’avoir éprouvée sur le terrain sur dix premières fermes du Grand Est, notamment à travers les différents diagnostics carbone en 2021.

Le consortium CarbonThink poursuit ses travaux avec un nouveau changement d’échelle pour 2022. Toujours à la recherche du modèle économique valorisant à sa juste valeur l’action climatique de nos fermes.

Des diagnostics Carbone analysés en mode collaboratif

En 2022, près d’une centaine de diagnostics Carbone de fermes de grandes cultures du Grand Est ont été analysés dans le projet CarbonThink.

 Les diagnostics carbone ont été :

 ✅ Réalisés par les conseillers Carbone de 13 des 14 partenaires agricoles du projet (CDER, Scara, FDSEA51, EMC2, Cérèsia, Vivescia, Chambre Agriculture Marne, Cristal Union, Soufflet, Cac68, Chambre Agriculture Alsace, Chambre Agriculture Moselle, Tereos),

✅ Anonymisés et mutualisés avec l’accord des agriculteurs (CarbonThink finançant en complément de l’Ademe la réalisation des diagnostics : temps de travail des conseillers, etc),

✅ Analysés par les experts d’Agrosolutions, avec l’appui de Terrasolis et des partenaires agricoles.

Plusieurs restitutions ont été proposées aux conseillers et agriculteurs avant de partager ces résultats plus largement ici.

Un diagnostic Carbone est composé de trois volets :

👉 Le bilan Carbone initial de la ferme (réalisé sur 88 fermes) ;

👉 La simulation Carbone de la ferme, son mode « projet » (réalisée sur 31 fermes sur les 88) ;

👉 L’évaluation du coût des pratiques bas-Carbone simulées (facilitée par la création d’une grille dédiée).

La complexe équation Carbone

Avant d’en arriver aux résultats finaux de cette étude, plusieurs analyses préalables ont tenté d’identifier des liens simples entre les différents éléments de l’équation Carbone.

✅ Les émissions brutes de gaz à effet de serre (GES) sont-elles directement liées à la dose d’azote minéral apportée ou à la part des légumineuses dans l’assolement ?

❌ Réponse, non.

✅ Les fermes à fortes émissions brutes de GES sont-elles toujours celles qui stockent le plus de carbone dans leur sol ?

❌ Réponse, non.

✅ Le stockage de carbone dans les sols repose-t-il sur un facteur en particulier tel que la teneur en C organique initiale du sol ou encore les restitutions de biomasse au sol ?

❌ Réponse, non.

Ces recherches de corrélations, finalement non significatives, ne sont pour autant pas un échec.

Les variables étudiées font bien partie de l’équation Carbone (cf. encadré) de la méthode Grandes Cultures du Label bas-Carbone.

Mais à l’échelle d’une ferme, comptant souvent plusieurs systèmes de cultures (rotation x pratiques agricoles x sol), tous les paramètres (pratiques historiques, contexte pédoclimatique, nouvelles pratiques) de sa performance Carbone comptent, et qui plus est, interfèrent entre eux.

Le diagnostic Carbone individuel reste donc un prérequis pour mesurer la performance Carbone d’une ferme.

La vie est une équation complexe.

Une équation LBC complexe à deux compartiments dont voici les principaux paramètres (simplifiés) :

  • Emissions brutes de GES = f [ Fertilisation azotée & Fioul ] « réduire la dose et/ou réduire les pertes »
  • Stockage C du Sol = f [ Résidus de (inter)cultures & Amendements organiques ] – Minéralisation Sol [ Météo & Sol ]

La suite de l’analyse de la performance Carbone des fermes de grandes cultures du Grand Est s’est orientée vers la création d’une typologie des fermes diagnostiquées, principalement selon leur orientation technique.

 

Sept analyses de groupe ont été produites :  

  1. Toutes fermes de grandes cultures en Grand Est,

  2. Grandes cultures à dominante industrielle (plutôt Champagne-Ardenne),

  3. Grandes cultures à dominante céréalière (plutôt Lorraine),

  4. Grandes cultures à dominante maïs (plutôt Alsace),

  5. Grandes cultures avec élevage,

  6. Grandes cultures orientées Agriculture de conservation des sols*,

  7. Grandes cultures avec projet de transition à fort potentiel en crédit Carbone.

* l’agriculture de conservation des sols n’est pas facile à définir et les niveaux d’avancement entre ferme reconnues en transition ACS diffèrent

Quelques enseignements à retenir de ses diagnostics

👉 Les écarts entre fermes sont importants (cachés derrière les moyennes).

👉 En moyenne, les fermes de grandes cultures du Grand Est diagnostiquées par CarbonThink ont :

✅ Un bilan net initial de 4.03 TCO2e/ha/an dont 3.12 d’émissions brutes et -0.91 de stockage,

  • Avec la fertilisation azotée minérale et organique qui pèse 90% des émissions brutes de GES (intégrant l’épandage au champ et la fabrication à l’usine des fertilisants) ;
  • Constatant que les fermes mettent déjà en place des pratiques bas-Carbone.

✅ Un gain potentiel en crédit Carbone de 0.66 CC/ha/an (après rabais) ;

✅ Pour un coût de pratiques bas-Carbone (hors coût d’accompagnement) de 50 €/ha ou 87 €/CC,

✅ Correspondant au déploiement potentiel des pratiques bas-Carbone suivantes (en tête) :

  • Augmenter le rendement des intercultures (et un peu les surfaces) ;
  • Réduire la volatilisation de l’azote (principalement changement de forme d’azote) ;
  • Insérer davantage de cultures à faible besoin en azote exogène (dont légumineuses).

 

👉 Au prix du crédit Carbone sur le marché volontaire proposé aux agriculteurs (35€/CC) par les intermédiaires financiers du Label bas-Carbone, la rentabilité en moyenne n’y est pas MAIS :

✅ Cela dépend des fermes (d’où la nécessité de faire un diagnostic par ferme)

✅ Les changements de pratiques peuvent être motivés par d’autres raisons (agronomie, écologie…).

✅ Des cofinancements au crédit Carbone peuvent être mobilisés (primes filières, subventions…).

✅ Le prix du CC proposé aujourd’hui pourrait augmenter (ou pas) dans les 5 années du projet.

Ce graphique montre que plus d’une ferme sur quatre rentre tout de même dans ses coûts, dégageant un revenu Carbone.

 La méthode Grandes Cultures du LBC calcule des crédits Carbone en comparant le bilan C (final) de la ferme, soit à sa situation initiale et seules les nouvelles pratiques bas-Carbone sont prises en compte, soit à une moyenne départementale et alors les pratiques bas-Carbone existantes sur la ferme peuvent être valorisées si elles sont meilleures que les pratiques moyennes du secteur.

👉 En théorie, cette seconde option est une proposition innovante, en pratique la mécanique reste perfectible :

✅ Moins de la moitié des fermes diagnostiquées peuvent réaliser le calcul (faute possible à des « petites » cultures manquant de références départementales) ;

✅ La comparaison à la moyenne départementale se fait en transposant les pratiques moyennes sur l’assolement de la ferme, à assolement constant (la diversification de la ferme n’est pas valorisée) ;

✅ Certaines références départementales ne semblent pas être représentatives de la réalité de terrain ;

  • Il est de plus probable que les fermes volontaires pour ces premiers diagnostics LBC du Grand Est ne soient pas non plus représentatives de fermes moyennes (biais de sélection) ;

✅ Quoi qu’il en soit, le calcul est automatisé dans les logiciels, il est donc facile à faire apparaitre et peut dans certaines situations être à l’avantage de l’agriculteur pionnier ;

✅ Notons de plus que les fermes aux bilans C initiaux les meilleurs ont toujours des marges de progrès.

 

👉 Émissions de gaz à effet de serre et Stockage de carbone dans les sols sont complémentaires.

  • Les fermes diagnostiquées via CarbonThink ont un potentiel en crédits Carbone plus important en jouant sur le stockage de C du sol plutôt que les émissions brutes de GES.
  • Certaines fermes parmi les plus intensives (exemple des maïsiculteurs alsaciens) peuvent avoir à la fois** les émissions brutes de GES les plus fortes et le stockage de C dans leurs sols les plus élevés.
  • Si le stockage de C dans les sols est associé à un risque de non-permanence (intégrée dans les calculs, le C stocké pouvant être déstocké), le C organique participe à la fertilité des sols.

** ceci ne se vérifie pas statistiquement sur toutes les fermes diagnostiquées, comme évoqué dans le chapitre précédent sur les « analyses préalables »

 

Une belle première marche SNBC

 Ce travail inédit d’analyse de diagnostics Carbone est une réussite grâce à la mobilisation d’un collectif d’organisations agricoles et d’agriculteurs. La liste des enseignements ici produits et partagés est loin d’être exhaustive et de nombreuses questions se posent encore, même aux chercheurs.

 

En conclusion, insistons donc sur deux points :

👉 0.66 CC ou 660 kg de CO2 équivalents extraits de notre atmosphère chaque année sur chaque hectare permettrait déjà aux grandes cultures du Grand Est d’atteindre les objectifs agricoles de la SNBC 2030.

👉 Avant d’arriver à la création de valeur économique pour l’agriculture du Grand Est (ce qui reste un l’objectif), cette action crée de la valeur « connaissances ». La montée en compétence de la communauté agricole du Grand Est sur ce beau sujet du Carbone s’accélère en effet sous l’impulsion de projets régionaux innovants et collaboratifs tels que le PEI CarbonThink, soutenu par la Région Grand Est et les fonds européens.

diagnostic carbone

CONTACT

Étienne Lapierre

Coordinateur CarbonThink

couts transition bas carbone

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