Biodiversité, résilience et intelligence collective : ce que l’AG de Symbiose nous dit du futur agricole 
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Biodiversité, résilience et intelligence collective : ce que l’AG de Symbiose nous dit du futur agricole 

10 juillet 2025

C’est dans les paysages vallonnés des crêtes préardennaises, entre grandes cultures, élevages, forêts et haies champêtres, que s’est tenue le 27 juin dernier l’assemblée générale de l’association Symbiose. Une après-midi certes statutaire, mais néanmoins vivante, marquée par des échanges francs et une forte implication du monde agricole… suivie d’une visite de terrain inspirante, sur des parcelles où les aménagements anti-érosion mêlent haies, fascines et dialogue entre acteurs du territoire. 

Présidée par Hervé Lapie, président de la FNSEA 51, l’association est ouverte à toutes les formes d’adhésion, réparties en collèges (individuels, entreprises, OPA, collectivités), et s’appuie avant tout sur l’engagement de ses adhérents, dont les frais sont valorisés sous forme de prestations financées par des partenaires privés dans le cadre de contrats pour prestations de services environnementales (CPSE), cofinancés par des fonds verts. Le succès de cette formule a conduit l’association à franchir certains seuils en 2024, imposant désormais le recours à un commissaire aux comptes. La complexité croissante des dossiers nécessaires à l’obtention de financements publics conduit également les administrateurs à s’interroger sur l’opportunité de redimensionner les ambitions de Symbiose, afin d’accéder à des enveloppes plus significatives et capter l’attention des collectivités sur les projets qu’elle suit. 

Par philosophie, la forme d’accompagnement que Symbiose déploie se veut empirique et enracinée dans le réel, à la croisée des compétences agricoles, environnementales, techniques, humaines. Chaque projet devient un prétexte à la rencontre : entre chasseurs et biologistes, collectivités et agriculteurs, experts de la biodiversité et conducteurs d’engins. Une hybridation fertile, loin des dispositifs descendus d’en haut, qui rejoint les démarches d’expérimentation co-construites et pilotées collectivement par les organisations agricoles membres de Terrasolis, lesquelles y puisent des outils et méthodes pour mettre en œuvre la transition bas-carbone des modèles agricoles. Et destinées à essaimer. 

Intégrer la biodiversité au modèle agricole, et vivre ces spécificités comme des opportunités à valoriser, fait écho au chantier de la décarbonation – pensée non comme une norme imposée, mais comme un levier d’action, construit avec et par les professionnels. À ce titre, les formes d’engagement révélées lors de cette AG sont riches d’enseignements. 

De l’aménagement hydraulique des bassins versants à la préservation des mares, et des espcèes en danger et des haies, en passant par le programme Apiluz ou les trames vertes et bleues, les actions portées par Symbiose reposent sur une dynamique collective volontaire, où l’agriculteur n’est pas un simple exécutant, mais un acteur impliqué, parfois pionnier, souvent inspirant. 

Cette approche pragmatique de la biodiversité – qui part des problèmes concrets rencontrés sur le terrain pour en faire des leviers de résilience – entre en résonance avec les défis posés par le changement climatique. Lutter contre l’érosion des sols ou recréer des continuités écologiques, c’est aussi préparer les exploitations à absorber les chocs, à diversifier les ressources, à maintenir leur capacité de production dans un monde plus incertain. 

La question du financement de ces nouvelles activités, posée avec justesse par les agriculteurs présents, rappelle aussi les limites des dispositifs actuels, trop focalisés sur l’investissement initial, et rarement sur la pérennisation des aménagements. 

Enfin, la journée s’est conclue par une visite commentée des aménagements réalisés, notamment les haies et fascines conçues pour limiter les ruissellements boueux. Un moment à la fois technique et chaleureux, où l’on parle autant de racines que de reconnaissance, de piégeage de limons que de fierté professionnelle. 

C’est aussi cela, la transition : un art de faire ensemble, en ouvrant des nouveaux paysages et des espaces et où se construisent des solutions ancrées, crédibles et transmissibles.

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